Rencontre

10 octobre 2001

Comment monter à cheval quand on travaille de 16 h à minuit et que le matin, à 9 h, les yeux sont aussi lourds que les idées de la cavalière sont embrumées...

Cela ne fait pas longtemps que je suis arrivée à Epinal, pour monter les pages du journal où je travaille. Impossible de trouver un moniteur acceptant de me donner des cours particuliers à partir de 11 h, heure où le brouillard s'estompe. Seule solution, adopter un cheval... mon cheval.

La chance a mis sur mon chemin un futur grand ami. David. Grand par la taille et l'affection que je lui porte. David monte à cheval depuis qu'il est tout jeune. A l'époque, à part cela, je ne sais rien de ce grand escogriffe dont on m'a parlé de la passion. Et je prononce un mot, magique, mot de passe de l'amitié. Pas cheval, non, car il y a mille et une manières... Un seul m'ouvre les portes d'un monde fascinant. " Dressage ". Je l'inclus sans aucune arrière-pensée dans une de mes phrases. " Ce qui me fascine et m'a tout de suite fascinée en équitation, c'est le dressage. " Et là, paf ! Terrassée de nouveau par cette drogue. Irrémédiablement et pour longtemps. " Je travaille un cheval, si tu veux, je te le montre ". Belle invitation aussitôt acceptée. Je fais connaissance avec Bisounours, un selle-français fort sympathique et bien mis. Privilège suprême, j'ai même le droit de faire un tour sur son dos. Aux trois allures. Voilà une dizaine d'années que je n'avais pas monté dans une carrière.

Quelques mois plus tard, Bisounours déménage. Nous lui rendons souvent visite avant d'aller au travail. J'apprends aussi en observant. David le travaille à cheval, bien sûr, mais aussi aux longues rênes comme les écuyers de Saumur. C'est beau et formateur. Je veux faire cela moi aussi ! Mais en attendant, je n'ai ni la monture, ni les bons horaires pour en monter une en reprise (j'ai essayé une fois à 9 h, cours pour adultes, je me suis retrouvée le nez en sang, mon cheval s'étant mis debout alors que je somnolais tranquillement !)

L'entrée de Prince dans ma vie est à son image. Discrète. On me présente un jour ce petit cheval " très gentil, mais pas beaucoup monté ". Samba ! Je le trouve - relativement- affreux et entame deux pas de danse vers l'arrière ! Pas engageant le cheval. Il est efflanqué, la croupe taillée à la hache. Et la position de ses oreilles ne laisse aucun doute sur la future localisation de ses dents si l'on n'y prend pas garde !
En un mot, ce Prince est moche ! Oui, mais c'est un cheval, on me propose de le prendre en demi-pension et ça, ça ne m'arrivera pas tous les jours. Du coup, j'accepte - sans me faire trop prier - de l'essayer. Pas, trot, galop, une petite barre. Il est franc ce petit cheval. J'ai quelques jours pour réfléchir m'indique Nicolas, le propriétaire du club et par conséquent, de Prince. Mais ma décision est déjà prise. Ce sera oui. Et depuis, je n'ai jamais regretté mon choix... d'il y a maintenant quatre ans.