Le cheval m'a dit

Franck Petetin faisait dans l’échappement. Un jour, c’est lui qui s’est échappé. Il a suivi deux ans de formation au haras de la Cense et dans le Montana, histoire d’apprendre à comprendre et parler cheval.

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  Un dialogue s'instaure !

« On ne peut pas me louper, j’ai un look cow-boy ! » Franck Petetin,
la quarantaine, discute avec les chevaux et ne regrette pas son choix. Car à défaut de sortir de ses gonds, Franck est sorti de son cadre de vie, pour rejoindre celui des chevaux. Cadre il l’était, dans le pot d'échappement. Il a préféré vivre un peu plus près de la nature.
Sa femme et ses trois enfants l’ont même encouragé.

Du coup, le futur cow-boy, vierge de toute expérience équine décide de suivre une formation de deux ans. Direction le haras de la Cense, dans les Yvelines, puis dans le Montana, à Dillon. C’est là qu’officie Andy Booth, Australien adepte des méthodes naturelles de Pat Parelli. Le jeu, débourrage, éducation, rééducation du cheval. Oui, mais pas comme tout le monde ! Chez Booth et Parelli, le cheval, on le parle ! Avec comme maître-mot le timing. « L’important, ce n’est pas ce que tu fais, mais quand tu arrêtes de le faire », scande d’ailleurs Franck, telle une oraison, joignant le geste à la parole. Et autant dire que pour que cela marche, il faut le maîtriser ce timing !

Comprendre et se faire comprendre

Voilà Franck avec Impec, un beau selle français pratiquant le concours complet. Impec a une bonne « tronche de gentil », mais qu’une feuille vienne lui souhaiter le bonjour, et Impec se pique une trouille à le faire monter dans un arbre. Un peu désagréable pour sa cavalière ! Muni d’un simple bout de papier bien sonore et un licol, Franck apprend donc au beau bai qu’il est préférable pour lui de se décontracter. Eh, oui, c’est moins fatigant… car au moindre signe de rémission du cheval, hop ! Franck cesse d’agiter le fantôme d’Impec. On répète le protocole, gros dada se met à mâchouiller : il a compris !

Ces gestes, Franck les répète tous les jours sur les trois chevaux qu’il a sous aile. Impec le trouillard, Jasmin le coquin qui ne saute plus les bidets, et une magnifique pouliche pas encore débourrée qu’il éduque petit à petit, dans le calme. Et ça marche. Au début, les cavaliers classiques se demandaient d’ailleurs qui était cet étrange zigomar. Mais au centre équestre de la Ferté-sous-Jouarre, en Seine-et-Marne, le moniteur reconnaît que la méthode est diablement efficace. Pas question de rire sous cape au passage du cow-boy, même si parfois sa volonté de faire « passer le message » prend parfois un je ne sais quoi de messianique ! Messianique mais sympathique. Franck avoue d’ailleurs que parfois, il peut paraître un peu présomptueux. Les chevaux, eux, s’en fichent complètement. Que Franck parle français avoir une pointe d’accent américain attrapé lors de ses nombreux séjours au pays des grands espaces, peu leur chaut. Lui, ils le comprennent et il les comprend. Et lorsqu’il décoche un coup de botte, ils obéissent car un étalon ferait la même chose dans son troupeau… Une comparaison que le jeune quarantenaire apprécie tout particulièrement, tout en modérant l’action qui pourrait choquer les non initiés, car il ne s’agit pas d’utiliser la violence, juste un langage du corps. Une langue que Franck continue à apprendre patiemment, jour après jour. « Etre un homme de cheval, ça prend toute une vie ! » Le cheval mène à tout, même à être philosophe.

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