Paroles de maréchal
Mardi, dans le cadre de mon travail, j'ai sorti mon petit calepin pour poser des questions à Marc. Venu ferrer des chevaux de l'écurie. Il a tant à dire Marc, sur les chevaux, son métier, les aplombs... La façon d'appréhender le cheval, leurs cavaliers... Son franc-parler avec ceux qui lui reprochent de remettre leur cheval à sa place s'il fait l'andouille... Les mêmes, capables de s'acharner sur leur monture après le bureau pour que la bête cède... alors qu'ils arrivent énervés, grimpent directement sur le dos de leur " ami "... En omettant de le détendre... et que leur " obligé " vient de passer 23 h au box... " J'ai déjà perdu des clients comme cela ", raconte-t-il d'ailleurs. Tant pis. " Au moins, j'ai dit ce que j'avais à dire ! "
Car Marc sait que le monde des chevaux, ce n'est pas " mon petit poney au pays des Bisounours ". A bien observer un troupeau, on voit immédiatement que les corrections par le dominant sont directes, rapides, et pas sans lendemain pour certaines... Et pour parler avec les chevaux, leur demander de bien vouloir donner les pieds par exemple, il faut utiliser leur langage. Faute de retrouver ses pieds sous ceux du cheval... le comble pour un maréchal ! Les pieds justement... le cheval ne sait pas les donner d'emblée. Les cavaliers ne savent pas nécessairement les prendre non plus quand la monture n'est pas ou juste débourrée. Et le cheval refuse, renâcle, se braque ! On réserve alors à Marc la joie d'avoir à ferrer la bête en urgence. Pas la meilleure solution pour mettre le compagnon au regard inquiet en confiance. Surtout s'il faut passer en force... Alors que des chevaux de deux ou trois ans devraient pouvoir donner leurs pieds sans soucis. Et Marc joint le geste à la parole avec la petite lusitanienne de l'étape. Orénoque stresse quand elle doit donner ses postérieurs. Les antérieurs, ça va ! Pourtant, Marc arrive à prendre le pied, à le tenir... même si petite fille n'apprécie pas nécessairement le geste à sa juste valeur. " L'important, c'est de rester dans l'axe du membre, surtout ne pas l'étirer latéralement ! Cela fait mal, et un cheval qui a mal se défend... " Logique !
Ecoutez vos maréchaux.
Vos chevaux, ils savent comment vous les montez...
Quelques idées à méditer :
- A propos des chevaux que l'on met à la retraite au pré sans autre forme de procès : " Les chevaux, on les a retirés de leur milieu naturel, ils ont du mal à y retourner. " Gentil cavalier, n'abandonne donc pas ton cheval au pré en croyant bien faire. " Il faut quand même occuper le cheval. C'est comme les humains, ils sont obligés de faire une activité qu'ils aiment. " Monter un vieux cheval tous les jours une vingtaine de minute n'est donc pas... une torture , non, non, non !
- " Certains chevaux ne peuvent marcher sans fer. Par exemple les naviculaires. A l'état naturel, ces chevaux seraient tués. Ils sont obligés de porter des fers car les déplacements leur occasionnent des douleurs constantes. "
- Lors du brochage : " J'essaye de prendre le maximum de vibration dans ma hanche pour que le cheval ait moins mal. "
- " Le cheval, c'est une balance. Si on retire quelque-chose d'un côté, il compense de l'autre. " En bien ou en mal... " c'est une grande mécanique. "
- Cas de conscience : " C'est toujours agréable de soigner un cheval. Malheureusement, quand on voit que ce dernier continue ensuite à aller sur les terrains de concours alors qu'il devrait être au repos, ça fait mal ! "
- " Les chevaux, si on leur montait pas sur le dos, on irait les voir au zoo ! Le cob normand, il en restait 500 exemplaires en France à une époque... " Ouf pour le cob !