L'équitation mène à tout, même aux conférences !

Avec une copine rencontrée sur internet et son homme, nous avons assisté à une très intéressante conférence lors du salon du cheval Eurocheval (à Offenburg, en Allemagne, non loin de Strasbourg).
A la table des débats : M. Plewa (juge international), Karen Tebar, cavalière de dressage bien connue chez nous, le Dr Fürst, véto de l'équipe de dressage Suisse et faisant partie d'une commission menant une étude sur les effets secondaires de la " méthode " Rollkur à Lausanne, M. Putz, rédacteur des réglements de la FN (FFE allemande) et représentant de la " monte classique ". Il y avait aussi un sellier suisse.

C'est monsieur Plewa qui assurait la conduite des débats, posant les questions, et parfois exprimant son point de vue. Tout d'abord, c'est bien beau de parler de Rollkur, mais c'est quoi ? Question posée à Karen Tebar, concernée au premier point (enfin son cheval !) KT a donc expliqué ce que nous commençons tous à savoir, un cheval bas avec une flexion exagérée au niveau des cervicales (atlas et axis, je suppose) Le soucis pour Karen Tebar, c'est que l'on voit des cavaliers utiliser cette méthode non seulement sur les carrés internationaux, mais aussi lors de compétitions régionales. " Je suppose que l'on fait ça pour avoir plus de contrôle sur le cheval. Je ne vois pas ce que cela apporte ", a-t-elle ajouté.


Petite remise en orbite sémantique : à la FEI (fédération équestre internationale), on ne parle plus de Rollkur, mais d'hyperflexion. La Rollkur, pardon l'hyperflexion  ne date pas d'hier. " On s'est aperçu de cette méthode aux JO d'Atlanta " a indiqué le véto autrichien de l'équipe de dressage suisse. " Il s'agit plus qu'une hyperflexion de l'encolure. Sont également concernés : les tendons de la nuque et la musculature du cheval dans son ensemble… même la langue ! C'est de cela dont s'occupent les vétos à Lausanne. Pour autant, ce véto se refuse à dire que la méthode est néfaste " nous ne disposons encore d'aucune étude probante allant dans ce sens "... il pense d'ailleurs qu'un cheval rollkuré n'a pas plus de problèmes d'engagement qu'un autre... mais la même personne propose un raisonnement par l'absurde : " on a remarqué que les chevaux dans les prés se blessaient plus que les chevaux dans les stalles... conclusion : vive les stalles ! " Evidemment, impossible de raisonner de la sorte, donc le bon docteur ne s'avance pas pour le moment, mais ne semble pas non plus totalement persuadé de l'innocuité de cette " méthode " !
Autre petite image rigolote : les poules en cage ! " Une poule en cage ne se développe pas normalement si on l'y laisse longtemps. Les chevaux ne se mettent pas naturellement (longtemps) dans la posture Rollkur. Un autre intervenant a insisté sur le fait qu'il y avait une énorme différence selon que le dos est haut ou bas quand le cheval est en hyperflexion. Il y aurait donc une « bonne » et une « mauvaise » Rollkur !

Lors des questions du public, une dame, thérapeute, a pris la parole : " rares sont les cavaliers à savoir jusqu'où ils peuvent aller avec leur cheval, quant au dopage, les erreurs sont voulues... et pour le côté juridique de la chose : On ne sait pas s'il faut l'interdire cette Rollkur ou non. " Mais pour elle comme pour la majorité du public présent, les choses sont bien claires, la Rollkur, c’est non !

The show must go on !

Alors, si on n'est pas sûr que la méthode ne fasse vraiment pas de mal au cheval, pourquoi, si on l'aime un tant soit peu, lui faire un truc pareil ? Vous croyez que les cavaliers de dressage de haut niveau qui le pratiquent sont d'infâmes tortionnaires ? Moi, non, mais la fin justifie les moyens, je suppose. Alors si " l'athlète heureux " doit ployer un peu plus la tête... Une équipe nationale fait carrément la promotion de cette méthode qui gagne... bon, il doit quand même y avoir un petit peu de ressentiment qui plane... avant, nos amis outre-Rhin trustant tous les podiums, mais les Allemands ont au moins l'honnêteté de poser le problème... Citant une cavalière olympique de renom dont je ne citerai pas le nom (pas courageuse et pas envie d’être poursuivie, le sujet étant très très polémique) : " Je monte comme ça car le public et les juges veulent voir cela " Pouf, le pavé est lancé dans la mare, et M. Plewa en vient à la conclusion que " nous sommes tous responsables " (applaudissement dans la salle) : petite info pour celles qui n'ont pas l'habitude de se trouver en terres germaniques, les GP de dressage sont retransmis à la TV et il me semble qu'il y a plein de compétitions organisées où l'on se rend (en famille) pour aller voir les avions à réaction et leurs allures hors du commun. Et tout le monde tape dans ses mains quand le cheval piaffe ou passage et plus c'est haut, plus c'est beau… Mais pour en arriver là, certains joignent le geste à la parole… à l’entraînement.
Donc nous sommes tous responsables. A ce sujet, lors des interventions du public, je me souviens de celle d'une dame : " je ne vais plus voir les compétitions car je ne veux plus voir ça ! " Ça s'appelle voter avec ses pieds (et son porte-monnaie)

Autre soucis, les juges jugent ce qu'ils voient sur le carré, pas sur les terrains d'entraînement. " On ne peut pas savoir ce qui s'est passé à l'entraînement, si le cheval a été bien travaillé ", indique M. Putz, citant un autre juge. Mais il ne semble pas du tout d'accord M. Putz " eh bien mois je dit que cela fait partie intégrante de l'homme de cheval que de le savoir en regardant le cheval évoluer !!! Nous, les juges, nous sommes responsables, nous devons entraîner notre oeil en permanence et vous, vous votez en achetant des billets, en applaudissant, nous sommes tous responsables ! "
Et là, pif paf, on se lâche un peu du côté du pupitre...telle cavalière de grand prix montant ses chevaux " derrière la main ", de nombreux cavaliers de A et de B n'étant pas capable de faire des transitions correctes  " En dressage, on voit rarement un cheval content, alors qu'on en voit s'enfiler des fromages en CSO en toute décontraction ! " " On cherche à mettre le cheval sur la main coûte que coûte, mais le cheval ? "

M. Plewa : " donc, il faut changer notre façon d'enseigner " (y'a pas que les Français…  scoop du jour !) Le même monsieur dira plus tard une jolie phrase, de celles qui font que je veux monter à cheval : " monter à cheval est plus un art qu'un sport ". Avec cette maxime en tête, bien des cavaliers devraient joindre le geste à la parole. Oui, mais le beau geste !

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