La folle se déchaîne !
Vous commencez à me connaître, le simple fait de me dire que ça va sauter, et je stresse, je stresse, je stresse ! Et pourtant, c'est moi qui l'ai décidé ! elle doit être un peu masochiste, la folle !
Détrompe-toi, ô lecteur rapide en besogne. Le jeu, l'enjeu, c'est de ne pas me cantonner dans une seule cour. Je n'ai pas mon galop 7 (que je passerai peut-être en même temps que le tricot 7...) et je voudrais l'avoir... en entier ! Donc dressage, bien sûr, mais aussi cross et CSO. Et comme on n'a rien sans rien... donc je saute, et je vous merde ... enfin non, je ne fais pas une chose pareille, je n'aime pas !
J'ai donc équipé monsieur Pouic. Une étrivière autour de l'encolure, pour que cela me donne une idée d'où mettre mes mains, la selle mixte, les étriers courts, la petite série de croix, barres au sol et oxers qui vont bien, on est en piste ! A nous l'aventure !
D'abord les barres au sol, que Pouic regarde, comme à son habitude ! Mais qu'il passe tranquillement. La détente est un peu difficile, Prince me la joue " je regarde à droite, la gauche, c'est trop moche ! " Vivement que je puisse le montrer à l'ostéo... j'en suis à me demander si je ne devrais pas plutôt arrêter totalement de le monter en ce moment. C'est bizarre, il ne réagit pas comme s'il avait mal, mais la résistance est bien là ???
Pour l'heure, le petit cheval a l'air de bien rigoler en voyant les barres, la grande qui racourcit les pédales, galope en équilibre... Je crois qu'il aime vraiment ça, sauter, vu l'énergie qu'il y met ! D'ailleurs, il me faut le canaliser le grand ! Au pas devant la barre, go !!! Zou ! Quel saut ! J'ai l'impression que la cinquantaine de centimètres du croisillon s'est métamorphosé en cote de grand prix (non, je ne suis pas née à Marseille !) En tout cas, je parviens à stopper Prince entre chaque obstacle. Jump, réception (aïe, ma position), deux trois mètres et au pas. On reprend le trot, hop, on s'envole, deux trois mètres au trot... (avec une forte tension dans les rênes quand même...) au pas... et ainsi de suite... jusqu'à... jusqu'à l'oxer bavarois qui te fiche la trouille. Ben oui, je sais que Pouic, le drapeau bleu et blanc, ça l'interpelle quelque part, alors il veut regarder... et pour regarder, il s'arrête, bien sûr... petit salopiot. Mais là, Prince, il ne s'arrête pas, il hésite, mais me sort un truc digne du décollage d'un antonov An 2... waouhhhh, je m'envole... et je manque de me casser la margoulette à la réception (j'adore cette expression... j'aime moins la sensation !)
Mais Manue a décidé que non, elle n'irait pas sniffer le sable de la carrière, alors telle super Mémère, elle se remet en selle et continue de trotter... Ca a de la gueule, c'est moi qui vous le dit, ce numéro, je l'ai déjà sorti en concours, le spectateur est en haleine... Hors de question de laisser Pouic là-dessus. On y retourne. Ahh, c'est mieux, une troisième fois peut-être ? Youpi, il est bien mon Pouic ! On enchaîne tout le monde... LI-BEREZ NOS CA-MARA-DES OBS-TACLES EM-PRISONNES !! " Et moi aussi, vous pouvez me libérer ? " " Oui petit Pouic, voilà un gros sucre, et si tu m'aides à cueillir des noix, tu en auras aussi. " Alors Pouic se colle sous le noyer le long du chemin qui mène à l'écurie. Crooooooc, un petit coup de pied en descendant et... " scrontch, scrontch, ch'est bon che truc-là, mais ça a un p'tit goût de revenez-y ! "
Pouic, le seul cheval avec un coeur
(comme les portes des ch... de campagne )
" Ah ben c'est malin ! si ça continue, je ne saute plus !"
ça, c'est la première barre après la détente. Devant, il y a l'affreux oxer " bavarois ".
ET là, attention, on respire, on se concentre... et vole cheval ! (et on admire la super position de Manue à la réception...)